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Dernière modification : 26 novembre 2018

Intraduisibles

Barbara CASSIN – Centre Léon Robin
Depuis 2012

 Intraduisibles du Patrimoine

 

Ce projet de recherche-action pluridisciplinaire implique des institutions telles que le labex TransferS, l’ancien Pôle Patrimoine du Ministère français des Affaires Etrangères, l’OIF, l’IFAN/Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Académie Africaine des Langues ACALAN/UA.

Une première rencontre à Paris en 2012, suivie d’une rencontre en 2013 à Dakar et, fin 2013, à Gaborone, puis d’un atelier d’écriture à la Fondation des Treilles, début 2014, a abouti à la publication d’un ouvrage collectif Les intraduisibles du patrimoine en Afrique subsaharienne (Paris, éd. Démopolis, 2014) en quatre langues, français, anglais, fulfulde et bamanakan, bilan de nos travaux sur les mots « musée » et « patrimoine ». Ces deux notions sont tout sauf « évidentes » mais c’est autour d’elles que se cristallise l’emploi des critères (exceptionnel, universel, symbolique, intégrité, authenticité, identité, nature, culture, etc.) qui conditionnent la reconnaissance internationale d’un bien patrimonial par l’Unesco. Qu’en est-il quand il s’agit de transposer ces mots avalisés dans le discours onusien aux situations et aux problématiques africaines ? Comment s’opère le passage des langues « internationales » aux langues d’Afrique ? Comment les critères des conventions de l’Unesco aident-ils, ou freinent-ils, la mise en visibilité des patrimoines et prennent-ils place dans le politique ?

Les derniers développements de l’actualité patrimoniale et l’accélération des prises en otage du patrimoine par le politique nous ont conduit, lors d’un atelier tenu à Paris en avril 2016, à orienter notre réflexion sur les traductions en langues africaines de la nébuleuse de mots et expressions qui gravitent autour des mots « communauté / communautarisme », « commun / universel » et « restitution / réparation », particulièrement riches en équivoques et en ambiguïtés. La traduction et les manières de dire et de rendre ces mots en langues africaines mettent en évidence les décalages entre la terminologie établie et mise en œuvre par les différentes chartes et conventions internationales et leurs articulations avec la sphère du quotidien.

Pour que s’installe une synergie dynamique entre les populations productrices, détentrices et gardiennes du patrimoine, les institutions qui les représentent et les experts culturels, historiens, linguistes et terminologues, il est nécessaire de s’approprier d’abord le contenu informationnel et normatif des notions mobilisées autour de ces mots qui jalonnent les débats sur les questions de patrimoine et d’identité. Il faut ensuite mettre en rapport les contenus informationnels de ces notions avec ceux des normes développées tant au niveau national qu’international par les Etats, l’Unesco et les institutions internationales telles que l’Union africaine ou l’Union européenne.

Dans le respect de ce qui se dit « en langues » se joue la chance d’identifier, sans nationalisme, les génies singuliers des peuples, d’enrichir et complexifier sa propre perception du monde, d’apprendre à savoir-faire avec les différences.

Un atelier se tiendra les 23 et 24 mai 2017 au musée des Civilisations noires de Dakar, dont l’objectif sera de définir les contours d’un colloque sur « Musée vivant : traduire  » (intitulé à préciser) à tenir en 2018 au MCN de Dakar.

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