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Dernière modification : 25 mars 2019

Retour à l’antique dans la Tuscia médiévale et moderne

Vincent JOLIVET – AOrOc
Maria Pia DONATO – IHMC
Depuis 2015

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 Résultats

 

Fouille archéologique de Grotte Scalina
avec la contribution de l’ANR CAECINA, du Département des Sciences de l’Antiquité de l’École normale supérieure, de l’AOrOc et de la fondation bancaire Carivit (Viterbe)

Il a été possible d’établir que cette tombe de la fin du IVe siècle av. J.-C. avait été soigneusement dégagée, une structure en bois édifiée au centre de la terrasse ainsi libérée, et une grotte creusée sur le côté. La fréquentation régulière du site est attestée en outre par un nombre très important de fragments de céramique datables, pour l’essentiel, entre la fin du XVe et celle du XVIIIe siècle.

En 2015, la découverte d’une médaille de pèlerin de la fin du XVIIe siècle a confirmé qu’il s’agissait bien d’un lieu de dévotion chrétienne : la fausse porte et l’escalier monumental de la tombe rupestre de Grotte Scalina ont été rapprochés des deux monuments fondamentaux du Jubilé romain, la Porta Sancta et la Scala Sancta, figurés sur les deux faces de cette médaille (fig.1)

La campagne menée du 4 juillet au 5 août 2016 a permis la fouille complète de la seconde chambre du complexe funéraire et la poursuite de différents travaux de fouille et de mise en sécurité à l’extérieur de la tombe. Les indications recueillies invitent à penser que les défunts étaient divisés par genre, la chambre principale étant réservée aux hommes, la chambre secondaire aux femmes.
La prospection géophysique réalisée au géoradar indique la présence, vers le centre de la chambre principale, d’une cavité rectangulaire qui pourrait avoir été utilisée pour creuser au-dessous une chambre, scellée au début du IIIe siècle av. J.-C. Cette hypothèse permettrait d’expliquer l’absence de tout matériel archéologique de l’époque de réalisation de la tombe, autour de 320 av. J.-C., le contraste entre sa monumentalité extérieure et la médiocrité des deux chambres, la simplicité de leurs sarcophages et la rareté des inscriptions découvertes. Elle devra être vérifiée au cours de la prochaine campagne.

La campagne menée du 3 juillet au 4 août 2017 nous a permi de terminer la fouille de la tranchée ouverte dans l’axe du dromos principal de la tombe. Cette opération a confirmé que les grandes opérations de dégagement visant à transformer le site en étape sur le chemin du pèlerinage jubilaire remontent au XVIe siècle.
Cette campagne nous a permis de fouiller complètement le petit oppidum de l’Isolotto (fig.2), situé non loin de la tombe, dont nous sommes à présent certains qu’il doit être interprété comme une forteresse secondaire de la cité étrusque hellénistique voisine de Musarna (fin du IVe siècle av. J.-C.). Aucune trace de fréquentation médiévale n’y a été relevée.
En revanche, la tranchée ouverte dans le champ surplombant la tombe a permis de mettre au jour des traces de carrière, hellénistique et médiévale, dont le front de taille a été utilisé pour créer un petit espace fortifié que la céramique permet de dater des XIIe-XIIIe siècles ap. J.-C.
Différentes tentatives ont par ailleurs été faites, par prospections géophysiques et par forages, pour tenter de localiser la chambre funéraire correspondant au premier état du complexe tombal. Elles n’ont malheureusement pas abouti, jusqu’à présent, à des résultats positifs.
Enfin, nous avons procédé cette année, à des fins de conservation du monument, à la restauration d’une grande partie du couloir d’accès à la chambre principale de la tombe.

Ces campagnes de fouille se sont déroulées avec une équipe composée d’une vingtaine d’étudiants, enseignants ou chercheurs, issus d’institutions françaises ou étrangères.
L’intervention de différents spécialistes, en cours de campagne, a permis d’améliorer la qualité de notre documentation – photogrammétries et scans 3D, reprises photographiques et vidéo par drone – et d’affiner notre restitution de la tombe (fig.3). Sur demande de la Surintendance archéologique, nous avons également procédé au nettoyage et au relevé d’une tombe au décor sculpté exceptionnel située une dizaine de kilomètres plus au sud (fig.4).

  • fig.1 - Médaille de pèlerin de la fin du XVIIe
  • fig.2 – Fouille du petit oppidum de l’Isolotto
  • fig.3 – Restitution de la tombe
  • fig.4 – Tombe au décor sculpté
Fouille archéologique de Grotte Scalina

(cliquer pour agrandir)
Crédits : V. Jolivet / AOrOc (UMR 8546)

 

Recherche d’archives

La recherche d’archives s’est poursuivie principalement à Viterbe et à Rome. Elle a notamment permis la découverte de documents qui attestent que le domaine dont faisait partie la tombe au XVIIIe siècle appartenait à une famille à laquelle le pape avait accordé en 1773 le privilège d’organiser une foire annuelle sur ses terres, dont un plan indique l’extension. Il est probable que la présence de la tombe, devenue depuis deux siècles lieu de pèlerinage lié au jubilé romain, est liée au choix du site pour la tenue de cette foire, et explique la fréquentation importante dont témoignent les tessons trouvés sur le site, ainsi que l’usure de l’escalier antique qui était alors assimilé à la Scala Sancta. La recherche d’archives n’a cependant pas encore permis de repérer de documents faisant état de cette fréquentation par des pèlerins, pourtant bien attestée par le mobilier archéologique.

 

Rencontre internationale

Le 15 décembre 2016, une journée d’étude internationale « Tombeau étrusque, culte chrétien : le cas singulier de Grotte Scalina (Viterbe) », réunissant 12 chercheurs, français et italiens, s’est déroulée à l’École normale supérieure sous la présidence de Stéphane Verger (EPHE-CNRS, AOrOc) le matin, et de Pierre Toubert (Collège de France) l’après-midi. Elle a permis d’exposer le dernier état de nos réflexions sur le site de Grotte Scalina et les liens du monument avec le monde macédonien, et d’approfondir les thèmes liés à la circulation des pèlerins, à la fréquentation et à la réutilisation des sites antiques du Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne.

La publication de cette journée d’étude, Eredità etrusca. Intorno al caso singolare della tomba etrusca monumentale di Grotte Scalina, est parue en juillet 2018 chez Davide Ghaleb Editore.

 

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