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Dernière modification : 26 mars 2018

Traduire les mondes
Enjeux anthropologiques de la traduction

Carlo SEVERI – LAS
Depuis 2014

 Orientations des travaux

En 2014-2015, les travaux du groupe de recherche se sont déroulés selon deux axes. Nous avons d’une part travaillé sur la relation entre processus de traduction (intra et inter linguistiques) et analyse pragmatique de l’énonciation, notamment sur des cas d’énonciation rituelle (shamanismes Maya, Kuna, Quechua des Andes et Sibérie). D’autre part, le groupe a travaillé sur l’analyse des processus de « transmutation », ou traduction intermodale, notamment entre langue, image et musique. Pour ce dernier thème, nous avons choisi de travailler d’une part sur le Chilam Balam et ses relations avec la tradition liturgique occidentale et d’autre part sur un ensemble de cultures amazoniennes (Yekwana, Wayana, Wayampi), où ce passage entre différents modes d’expression joue un rôle crucial dans l’action rituelle. Le séjour de William Hanks en tant que Directeur d’études invité à l’EHESS nous a permis d’avancer sur l’analyse de l’énonciation rituelle et sur ses enjeux anthropologiques, aussi bien du point de vue théorique que dans l’analyse de l’ethnographie (cas Maya).

Tout en poursuivant nos recherches en Amazonie (de Vienne, Severi, Gutierrez-Chocquelvica) et en Amérique centrale (W. Hanks, V. Vapnarsky, S. Shroukh, M. Canna), nous avons en 2015-2016 focalisé nos débats sur la relation entre langage et pensée. Nous avons examiné les trois objections classiques que cette perspective a suscité dans l’histoire de l’anthropologie sociale :

  1. des sociétés qui partagent le même « système de pensée » peuvent parler des langues différentes et vice-versa ;
  2. la relation entre langage et pensée est indirecte et controversée, et nous ne devrions jamais inférer des qualités de la pensée à partir des structures de la grammaire d’une langue
  3. enfin, les langues que nous utilisons pour qualifier les divers types de pensée sont constamment traduites.

Au sein de ce débat, nous avons étudié en particulier la position de Jakobson. Celui-ci a observé que les langues varient en ce qu’elles obligent à dire, et non pas en ce qu’elles permettent d’exprimer. À partir de ce dernier point, un horizon de travail commun semble émerger de nos recherches. Au lieu d’affirmer ou de nier in toto la relation entre langue et pensée, il semble plus utile de se demander quand, comment, et à quels niveaux logiques ces relations entre pensée et langue peuvent s’établir. Les conséquences de cette perspective sur la définition des formes de traduction sont claires : au lieu de considérer les processus de traduction comme une difficulté théorique pour définir la pensée, nous pouvons, au contraire, considérer l’ethnographie de la traduction comme une opportunité, permettant d’observer certaines dynamiques de l’exercice de la pensée dans des contextes culturels différents.

Au cours des années 2016 et 2017, nous avons axé nos travaux d’une part sur de nouveaux terrains, en Amazonie, dans le Nordeste du Brésil, en Océanie, et notamment sur les dessins de sable du Vanuatu, au Madagascar et en Guinée.

 

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