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Dernière modification : 29 avril 2019

« Je vous salue Joseph »

Colloque international réuni par Anne-Catherine Baudoin & Carlo Ossola

  Sommaire  

 

 

 

 

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 Vendredi 17 mai

Collège de France, Amphithéâtre Halbwachs

 

9h30

Présidence de séance : Anne-Catherine Baudoin, Université de Genève

 

Carlo Ossola (Collège de France)

Introduction

 

Richard Bauckham (University of St Andrews)

The Historical Joseph of Nazareth

The paper (in English) will consider what we can reasonably know about Joseph as a historical person. Topics discussed will include (1) family background (a Davidic family), (2) connexion with Bethlehem and the family’s settlement in Nazareth, (3) occupation : meaning of tekton [« carpenter »], (4) the family farm, (5) marriage(s) : was he a widower when he married Mary ? (6) descendants.

[un résumé en français sera distribué]

 

Rémi Gounelle (Faculté de théologie protestante, Université de Strasbourg)

Joseph, le forgeron exilé

Peu présente dans le Nouveau Testament et dans la littérature patristique, la figure de Joseph n’en a pas moins attiré l’attention des premiers chrétiens. Dès le IIe siècle, le récit qui est connu sous le nom de Protévangile de Jacques, mais qui circulait sous le titre Nativité de Marie, lui donne une place assez importante. Par l’intermédiaire de ses réécritures, la figure de Joseph le charpentier, un père de famille qui reçoit, sur ses vieux jours, la mission de veiller sur Marie, s’est imposée dans la culture occidentale. D’autres traditions, assez différentes, ont toutefois également circulé en Occident. Redécouvertes au XXe siècle dans le sillage de la publication des Latin Infancy Gospels par Montague Rhodes James, elles proposent une figure de Joseph assez différente. Les principaux traits de cette tradition, dont les sources pourraient remonter au IIe siècle, seront présentées et discutées dans cette contribution.

 

Alin Suciu (Akademie der Wissenschaften zu Göttingen)

The Figure of Joseph in Coptic Literature

This paper will examine the way in which Joseph is depicted in Coptic literature. Emphasis will be placed on the History of Joseph the Carpenter, an apocryphal writing extant in Coptic (Sahidic and Bohairic dialects) and Arabic. The text allegedly contains Jesus’ report concerning the death of Joseph, which was written down by the apostles and deposited in the library of Jerusalem. I will also explore a series of Coptic patristic texts about Joseph, which seem to ultimately depend on the Protoevangelium of James. As I will show, the cult of Joseph was developed in Coptic Egypt as a consequence of the Christological debates of the 5th century CE.

[un résumé en français sera distribué]

 

14h30

Présidence de séance : Olivier Boulnois, École pratique des hautes études

 

Pierre Descotes (Sorbonne Université – Lettres)

Joseph, père et mari paradoxal : le sermon 51 d’Augustin d’Hippone

Pour l’évêque d’Hippone, Joseph est moins un sujet d’intérêt qu’une source de problèmes. Le sermon 51, prononcé en 403/404 à Carthage, propose la seule synthèse de quelque ampleur qu’Augustin a consacrée au père du Christ : il y entreprend de défendre Joseph contre les multiples accusations que lui portent ses adversaires, au premier rang desquels les manichéens. Joseph est-il un fiancé indigne ? Un faux mari ? Un père purement fictif ? L’évêque d’Hippone se trouve face à un feu nourri d’accusations, et la manière dont il répond est caractéristique de son art oratoire et de son goût pour le paradoxe : loin de rester sur la défensive, il contre-attaque vigoureusement et entend prouver à son auditoire qu’en Joseph on trouve le mari au plus haut sens du terme et le père par excellence.

 

Marielle Lamy (Sorbonne Université – Lettres)

Du Joseph apocryphe aux Joseph vernaculaires (XIIe-XIIIe siècles) : variations sur une figure imposée

Du milieu du XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle, avant les grandes traductions systématiques de la Bible, ont fleuri des poèmes bibliques ou hagiographiques en français dans lesquels la figure de Joseph apparaît en lien avec celle de Marie. Les épisodes qui connaissent les amplifications les plus remarquables, à savoir le mariage de Marie et Joseph et la fuite en Égypte, s’inspirent de traditions apocryphes déjà anciennes et, pour certaines d’entre elles, quasi « canoniques ». Or les portraits de Joseph élaborés par les poètes-narrateurs à partir de ce fonds commun ne sont pas tous identiques. Nous verrons donc quels choix ces poètes ont effectué parmi les sources disponibles, quels sont les remaniements que certains ont opérés et quels écarts apparaissent d’une œuvre à l’autre.

 

Paul Payan (Avignon Université)

Joseph, une figure pour les clercs (XIIe-début XVIe siècles) 

Bien avant de devenir une référence pour les pères de famille ou pour les artisans, avant même que sa sainteté ne soit pleinement reconnue, Joseph a intéressé quelques hommes d’Église, théologiens ou religieux, qui ont trouvé en lui une figure propre à inspirer leur manière de vivre et à stimuler leurs attentes réformatrices. Déjà présente dans l’exégèse biblique du XIIe siècle, l’idée se retrouve développée en images au siècle suivant sur de grandes bibles moralisées, signe de sa diffusion au-delà des cercles scolastiques. Elle est ensuite mobilisée de manière originale par des réformateurs exigeants : quelques franciscains d’abord, puis Jean Gerson et ses amis au temps du Grand Schisme. C’est ainsi une image militante qui émerge de l’humble figure de Joseph, dont la vivacité est encore sensible à l’aube de la Réforme, sous la plume d’Isidore Isolani. Gardien et protecteur de la Vierge, donc de l’Église, premier témoin et premier prédicateur de l’Incarnation, le père terrestre du Christ ébauche un modèle nouveau pour une Église en crise et même pour le pouvoir pontifical, comme si la vieille figure de saint Pierre ne suffisait plus.

 

Isabel Iribarren (Faculté de théologie catholique, Université de Strasbourg)

L’apothéose de saint Joseph. La Josephina de Jean Gerson (1414-1417) et ses enjeux doctrinaux

La Josephina, poème épique de près de 3000 hexamètres, a été composée par Jean Gerson, chancelier de l’Université de Paris, entre 1414 et 1417, pour l’essentiel au concile de Constance. Rédigée dans un contexte de grand trouble politique et ecclésiastique, cette épopée est l’une des formes qu’adopte l’action réformatrice du chancelier en ce qu’elle entend promouvoir le culte à saint Joseph et son mariage virginal avec Marie comme exemples de l’union mystique du Christ et de l’Église. La vaste reconstruction de la figure de Joseph entreprise dans le poème n’allait pas sans hardiesse doctrinale. Parmi les nouveautés proposées par Gerson, se trouvent non seulement sa sanctification in utero et la justification théologique d’un Joseph jeune, mais aussi son assomption dans les cieux avant son épouse et le Christ lui-même – assomption inouïe qui soulève bon nombre de questions en lien avec l’énigmatique récit de Mt 27, 52-53 sur les justes ressuscités à la mort de Jésus.

 

Max Engammare (Éditions Droz)

Des chaussettes aux sandales. Le Joseph de Calvin

Si Marie n’occupe guère de place dans la théologie de Calvin, au contraire de celle de Luther, Joseph est moins présent encore. Dans son Traité des reliques (1543), Calvin se gausse tout d’abord des chaussettes-reliques qu’on trouve dans certaines églises, mais il fait place au père terrestre de Jésus, quand il commente un passage de l’évangile de l’enfance, quand il rencontre l’expression filius Ioseph pour parler de Jésus, quand il fonde une prédication sur l’un de ces passages, et même une fois dans l’Institution de la religion chrestienne. Nous pourrons ainsi esquisser la figure de Joseph dans les écrits de Calvin et voir en quoi elle est originale.

 

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