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Dernière modification : 19 avril 2018

Dominique KASSAB TEZGÖR

Université Bilkent, Ankara (Turquie)
Invitée de l’AOrOc – janvier 2018

  Sommaire  

 Conférences

Dominique Kassab Tezgör - invitée janvier 2018 - affiche
Crédits : ENS / AOrOc

 

 

 

  • Mardi 16 janvier – 13h-15h – INHA, salle Fabri de Peiresc
  • Dans le cadre du séminaire de l’EPHE de M. Stéphane VERGER
  • Les figurines de terre cuite de la nécropole de Myrina près de Smyrne à l’époque hellénistique
  • La nécropole de Myrina, une petite cité éolienne sur la côte ouest de l’Anatolie au nord de Smyrne (située aujourd’hui près de la ville d’Ali Ağa) a seulement été fouillée pendant deux années à la fin du XIXe s. Près de 5000 tombes ont été ouvertes et des milliers de figurines de terre cuite des époques hellénistique et romaine ont été mises au jour.
  • L’origine de leur production n’est pas encore déterminée avec certitude : faut-il voir un artisanat local pour l’ensemble des figurines, ou seulement pour quelques-unes, tandis que la majorité serait des importations depuis un ou plusieurs sites producteurs (comme Smyrne, Ephèse ou Pergame ?).
  • Dans un excellent état de conservation, les statuettes trouvées à Myrina offrent un rare témoignage de l’évolution de la coroplathie micrasiatique. Au IIIe s. av. J.-C., ce sont des femmes drapées, les fameuses « Tanagras », qui sont les plus fréquentes et s’inscrivent dans une mode qui a conquis l’ensemble du monde grec. Ce thème est originaire d’Attique et semble être une création propre à la coroplathie. Lorsque cet engouement est passé à la fin du siècle, des figures ailées, Victoires ou Eros, leur ont succédé, puis d’autres thèmes sont apparus, qui reflètent le goût hellénistique aux IIe et Ier s. av. J.-C. : divinités, dont Aphrodite et Eros, enfants, scènes de genre, etc. Il faut alors souvent se tourner vers des archétypes sculpturaux pour identifier la source d’inspiration des figurines. En effet, les Eros et les Victoires sont inspirées de la sculpture pergaménienne, tandis que d’autres statuettes peuvent être rattachées à des œuvres attribuées ou mises au jour dans divers sites, comme Rhodes, à Magnésie du Méandre ou ailleurs. Ce phénomène est propre à l’Asie Mineure, où les coroplathes, après avoir produit des types habituels à la coroplathie grecque, s’inspirent à partir du IIe s. av. J.-C. de la grande plastique.
  • Un autre aspect important des figurines de Myrina est la présence d’une signature au revers, interprétée comme celle du propriétaire de l’atelier. Le mode d’apposition de cette signature est important pour comprendre la technique de production, l’organisation des ateliers, et tenter ainsi de cerner leur raison d’être.

 

  • Vendredi 19 janvier – 9h45-11h45 – INHA, salle Fabri de Peiresc
  • Dans le cadre du séminaire de l’EPHE de M. François QUEYREL
  • Alexandrie et la production des terres cuites à l’époque hellénistique
  • La coroplathie est l’un des domaines artistiques qui illustre la pénétration de l’hellénisme en Égypte avec la fondation d’Alexandrie en 331 av. J.-C. Cet artisanat fut implanté peu après cette date par des artisans grecs. Les femmes drapées, les « Tanagras », constituaient alors le thème le plus populaire dans le monde grec. On le retrouve par conséquent à Alexandrie, de même que les enfants, garçonnets ou fillettes, qui étaient aussi volontiers traités. Ces statuettes étaient généralement produites à partir de moules, d’objets importés du continent, ou simplement en copiant des modèles. Les figurines alexandrines du IIIe s. av. J.-C. ont été mises au jour dans les nécropoles orientales de la ville et constituent un ensemble homogène. Outre les éléments iconographiques, stylistiques et techniques d’origine grecque -plus particulièrement d’Athènes et/ou de Béotie, il est possible de déterminer des traits techniques et iconographiques régionaux qui distinguent cette production alexandrine de celles qui fleurissent dans le reste du monde grec à la même époque.
  • À la fin du IIIe s. et au IIe s. av. J.-C., tandis que la faveur des thèmes traités s’éteint, la production de figurines montre que progressivement les artisans alexandrins se tournent vers la production locale de petite plastique en argile et en plâtre qui a une longue tradition et n’a jamais cessé : les thèmes et les techniques se modifient alors. C’est désormais dans les nécropoles occidentales de la ville que reposent les figurines.
  • À cet égard, il est particulièrement intéressant de comparer les destins d’Alexandrie et de Myrina. Les deux centres ont tout d’abord favorisé le thème des femmes drapées venu d’Athènes, mais lorsque celui-ci disparaît du répertoire des ateliers de coroplathes, les figurines trouvées à Myrina montrent qu’un nouveau souffle anime la production qui cherche son inspiration dans la sculpture et garde ainsi son originalité. À Alexandrie, les artisans adaptent leur art à celui qui préexistait en Égypte avec lequel il se confond.

 

 

  • Mardi 23 janvier – 13h-15h – INHA, salle Fabri de Peiresc
  • Dans le cadre du séminaire de l’EPHE de M. Stéphane VERGER
  • La fouille de l’atelier de Demirci près de Sinope et la production amphorique entre les IIe/IIIe s. et les VIe/VIIe s. ap. J.-C.
  • Grâce à plus de 20 000 timbres sur amphores ou sur tuiles trouvés tout autour de la mer Noire, Sinope était déjà bien connue comme un centre producteur dans les années 1990. Paradoxalement, aucune recherche n’avait été entreprise à Sinope même pour retrouver les ateliers.
  • En 1993, sur l’initiative du Professeur Yvon Garlan, une prospection menée le long de la côte entre Sinope et Gerze (à 20 kilomètres au sud de Sinope) a permis d’identifier une dizaine d’ateliers des époques classique, hellénistique et romaine. Le plus important se situait à Demirci, à 15 kilomètres au sud de Sinope. Ce site était particulièrement propice pour l’industrie céramique grâce à son terrain argileux, ses sources d’eau douce, ses plages de sable noir, dégraissant privilégié et caractéristique de la production sinopéenne, et enfin son accès immédiat à la mer pour le transport de la marchandise.
  • Les fouilles ont commencé en 1994 et ont continué jusqu’en 2000, puis ont été suivies de plusieurs campagnes d’études. Elles ont permis de connaître la morphologie des fours romains de cette région et d’établir la typologie des amphores produites à Sinope entre les IIe/IIIe s. et les VIe/VIIe s. ap. J.-C., période pendant laquelle cet atelier était en activité. Le matériel trouvé dans les remblais des fours, qui constituent des ensembles clos, a été systématiquement étudié et bien daté grâce à la présence de monnaies et de céramiques sigillées importées.
  • Ce grand centre de production fabriquait aussi des tuiles, de la céramique commune -dont les mortiers exportés en grande quantité- de la céramique à feu, ainsi que des lampes, mais en petite quantité. Des pithoi étaient également manufacturés.
  • L’homogénéité de la production sinopéenne a été vérifiée, car des catégories de pâte identiques ont été identifiées sur les amphores et le reste du matériel. Les mêmes techniques et le même savoir-faire avaient cours dans les différents secteurs de la production de l’atelier. 

 

  • Jeudi 25 janvier – 17h30-19h30 – ENS, salle F
  • Dans le cadre du séminaire « Grèce de l’Est, Grèce de l’Ouest » de Mathilde MAHE, Rossella PACE et Stéphane VERGER
  • icône vidéo Le commerce amphorique entre Sinope et les grands centres de mer Noire entre les IIe s./IIIe s. et les VIe/VIIe s. ap. J.-C.
  • La prospérité de Sinope pendant l’Antiquité était due à sa situation privilégiée sur la côte sud de la mer Noire. Ses deux ports étaient les seuls qui soient protégés le long de la côte et servaient de points de transit. Les amphores constituent les témoins les plus sûrs de l’activité économique.
  • Nous avons tenté de retracer les exportations et les importations d’amphores entre les IIe s./IIIe s. et les VIe/VIIe s., dates qui correspondent à la durée de l’activité de l’atelier de Demirci. Le VIIe s. marque la fin de la production amphorique à Sinope. Pour cela, nous avons utilisé comme sources d’informations les résultats des fouilles et des prospections à Sinope et dans les divers centres de mer Noire, mais aussi les épaves repérées le long des côtes nord, ouest et sud, et les amphores trouvées en mer par les pêcheurs. Épaves et amphores repêchées en mer nous permettent parfois de reconstituer les routes empruntées par les bateaux de commerce. Les amphores sont rassemblées dans les divers musées de la côte turque de la mer Noire (Ereğli, Amasra, Samsun, Giresun, Ordu et Trabzon) et font l’objet d’un Corpus en cours de publication dont nous utilisons les résultats pour étudier ces mouvements commerciaux.
  • Le suivi des exportations sinopéennes dans d’autres sites de mer Noire, et en retour les arrivées d’amphores, a mis en valeur l’important réseau commercial de Sinope, qui était centré essentiellement sur le vin, l’huile d’olive et les saumures ou sauces de poissons. Des échanges commerciaux avec le nord de la mer Noire et le royaume du Bosphore peuvent être établis aux IIe et IIIe s., de même qu’avec Héraclée du Pont, à l’ouest de Sinope. À partir du IVe s., le commerce avec la partie septentrionale de la mer Noire semble moins actif, à moins que certains types amphoriques dont l’origine reste encore indéterminée n’en proviennent. Déjà depuis le milieu du IVe s. av. J.-C., le principal partenaire commercial de Sinope reste la Colchide.
  • L’étude du commerce doit également tenir compte de la production simultanée de plusieurs formes amphoriques identiques produites dans l’atelier de Demirci, mais aussi dans d’autres centres, identifiés ou non.
  • Contrairement à ce que l’on a cru longtemps, ces échanges commerciaux n’étaient pas limités à la mer Noire, mais s’étendaient, semble-t-il en quantité, en Méditerranée Orientale. Des d’amphores ont également été envoyées jusqu’en Italie, envois dont l’importance reste à être déterminée.

 

 


  • Entrée libre dans la limite des places disponibles

    16, 19 et 23 janvier 2018
    INHA, salle Fabri de Peiresc
    6 rue des Petits Champs, 75002 Paris

    25 janvier 2018
    ENS, salle F (1er étage, escalier D)
    45 rue d’Ulm, 75005


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