Accueil > Recherche > Projets > Axe A - Cultures et périphéries > PONT : la mer Noire comme zone de transferts

Dernière modification : 1er juin 2016

PONT : la mer Noire comme zone de transferts

Anca DAN - AOrOc
2014-2016

  Sommaire  

 Colloque international

Le colloque international, consacré à « La mer Noire, IVe-VIIe siècles apr. J.-C. : la fin du monde antique, début d’un ordre nouveau ? », a eu lieu entre le 23 et le 25 mars 2015 à l’ENS Paris ; il a réuni une vingtaine de chercheurs venus d’une dizaine de pays, d’Occident et de la mer Noire. Les communications, dont les enregistrements sont disponible sur le portail des Savoirs de l’ENS, sont en cours de publication dans un volume qui paraîtra chez Franz Steiner, par les soins de Hans-Joachim Gehrke, Alexandr Podossinov et d’Anca Dan, avec le support financier du labex TransferS.

Lecture
Vidéo(s) de l’événement

 

 

Le principe de la rencontre a été de favoriser les échanges entre archéologues et philologues s’intéressant à la mer Noire lors de la « fin » du monde antique. Peut-on évoquer une rupture entre Antiquité et Moyen Âge, dans cette zone de frontière par laquelle sont entrés ceux auxquels on attribue la destruction de la civilisation gréco-romaine ? Ou s’agit-il d’une continuité des rencontres, plus ou moins violentes, avec l’Autre  ? Malgré les reconstructions des historiens modernes, ni les sources littéraires ni les découvertes archéologiques ne font état d’une date ou d’un événement pouvant marquer une scission. On y observe, en échange, une longue série de métamorphoses qui ont entraîné des disjonctions et de recompositions de communautés et de cultures. C’est donc à l’historien moderne de réinventer ses outils conceptuels pour expliquer, au mieux, le devenir de la mer Noire dans la longue durée.

L’ouverture du colloque a compris, outre les discours des trois organisateurs (Anca Dan, Hans-Joachim Gehrke et Alexandr Podossinov) sur les principes de la rencontre, un exemple concret de collaboration entre archéologues, géographes et historiens-philologues pour la reconstitution de l’histoire du Bosphore Cimmérien (Udo Schlotzhauer, Denis Zhuravlev, Daniel Kelterbaum). Le détroit de Kertch, entre l’Europe et l’Asie, la mer Noire et la mer d’Azov, est une région qui soulève non seulement des questions géographiques, sur la reconstitution des paysages et la compréhension des interactions entre homme et nature, mais aussi des questions concernant l’arrivée de nouveaux groupes ethniques de l’Asie en Europe, entre le IIIe et le VIe siècle apr. J.-C. À partir des traces matérielles et textuelles particulièrement laconiques sur cette extrémité du monde gréco-romain, on essaie de comprendre la vie des communautés locales, pendant une période considérée comme décadente, obscure, dans une région méconnue des spécialistes de l’antiquité tardive.

Les autres interventions nous ont permis de faire un tour d’horizon des problèmes archéologiques et philologiques de la mer Noire à l’époque romaine et byzantine : d’une part, les archéologues et les historiens spécialistes de l’Est, du Nord et de l’Ouest de la mer Noire ont fourni des synthèses des données connues à ce jour sur l’interaction des populations nomades et sédentaires sur ces littoraux pendant l’Antiquité tardive (Mihai Zahariade, Michel Kazanski, Johannes Niehoff-Panagiotidis et, par l’intermédiaire de leur texte, Andrei Vinogradov et Florin Curta) ; Sinope (Dominique Tezgör) – avec sa production exceptionnelle d’amphores –, Chersonèse (Mariia Tymoshenko) – avec ses épaves – et le Danube (Andrei Opaiț) – avec ses possibilités de distribution des biens – ont fourni des cas éclairants pour l’étude des contacts à l’échelle locale, régionale et méditerranéenne. D’autre part, les historiens-philologues, parfois eux-mêmes archéologues, se sont concentrés sur des aspects de géographie historique et d’histoire de la géographie. Ainsi, le littoral turc de la mer Noire, encore peu exploré par les archéologues en comparaison avec les côtes des anciens pays communistes, a donné l’occasion de se pencher sur le réseau portuaire maritime et fluvial assurant les contacts avec l’intérieur de l’Anatolie, à l’époque antique et byzantine (Tønnes Bekker-Nielsen, Klaus Belke). Pour l’ensemble de la mer Noire, les spécialistes des textes ont étudié les descriptions de toutes les côtes, en forme de périple (d’Arrien – Stefano Belfiore, du Bouclier de Doura-Europos – Konstantin Boshnakov, de Marcien d’Héraclée – Bianca Maria Altomare, du Pseudo-Arrien – Alexandr Podossinov, des compilations anonymes tardives – Veronica Bucciantini) et de géographie (avec une nouvelle interprétation des calculs des coordonnées dans la Géographie de Ptolémée – par Klaus Geus et Irina Tupikova).

Au bout de la rencontre, on a mis en avant le caractère problématique de nos distinctions géographiques (d’une ou plusieurs zones pontiques) et historiographiques (entre « époque romaine », « Antiquité tardive » et « époque byzantine »). Si l’on a été d’accord que le cadre de la mer Noire reste approprié pour l’analyse géohistorique, malgré l’absence de contacts cohérents et uniformes à l’intérieur de ce bassin maritime, on a également convenu qu’aucun événement historique ne rend compte d’un changement brusque des pratiques. Entre l’époque romaine et l’époque byzantine, la continuité se décrit dans des discontinuités.

L’organisation de cette rencontre a visé la constitution d’un réseau de spécialistes – intervenants ou commentateurs-médiateurs – qui puissent échanger sur des questions de géographie historique pontique. Pour éviter les problèmes de langue, un volume de pré-actes, comprenant des textes en anglais, a été préparé à l’avance. Les discussions ont pu avoir lieu en français, anglais, italien et allemand. Le livre actuellement en préparation devrait être une base pour continuer ces échanges.

 

La publication des actes du colloque est en cours d’édition.

 

octobre 2024 :

Rien pour ce mois

septembre 2024 | novembre 2024

haut de page