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Dernière modification : 30 mars 2015

La Parole en Images

Atelier de recherche

La Parole en Images

Usages de la figuration dans l’écriture et la transmission de la doctrine chrétienne

 

28 & 29 novembre 2013

Annexe du Collège de France (3 rue d’Ulm, Paris 5e)

 

 

Les études portant sur le recours à l’image au service de la transmission catéchétique attestent depuis longtemps de la profondeur historique et de la pluralité des contextes culturels dans lesquelles cet usage s’inscrit. Des programmes iconographiques associés à la prédication dans les églises médiévales, à la peinture missionnaire jésuite produite dans le nord de la Chine et en Nouvelle-France (XVIe-XVIIe s.), aux taolennoù de Basse-Bretagne, en passant par la didactique visuelle développée par les franciscains Pedro de Gante (c.1480-1572) et Diego Valadés (c. 1533-82) au Mexique colonial, les exemples abondent de cette pédagogie par l’image qui fut particulièrement florissante au temps de la Contre-Réforme. Pour rendre compte du recours à cette pratique, les théoriciens de l’évangélisation et les prêcheurs eux-mêmes ont communément évoqué l’analphabétisme, l’incompréhension linguistique en situation de premier contact, ou l’ingénuité perçue des populations à convertir. Ainsi, l’image comblerait une déficience relative soit à la transmission verbale/écrite de la parole chrétienne, soit aux facultés cognitives du catéchumène – l’une et l’autre étant souvent confondues. D’autres interprétations ont également rappelé, à juste titre, la fonction émotive et contemplative des arts visuels dans le christianisme. L’image est ici perçue indépendamment de la communication de la doctrine. Elle est illustrative ou éloquente, mais détachée du discours catéchétique. Or, de nombreuses élaborations iconiques contredisent ces définitions trop restrictives de l’emploi de l’image comme instrument de conversion. Par exemple, les catéchismes pictographiques produits au Mexique (XVIe-XIXe s.) et dans les Andes (XIXe-XXIe s.) recodent les textes fondamentaux de la catéchèse en langue native, parfois littéralement, à l’aide de signes logographiques et phonographiques, auxquels sont parfois associées des figures à valeur mnémonique. En outre, l’usage de ces supports iconiques en Bolivie contemporaine atteste du lien indissociable de l’image avec l’énonciation du discours catéchétique au cours de l’enseignement des prières effectué en période de Carême. Ces deux traditions illustrent non seulement l’originalité et la complexité des techniques scripturales déployées dans le but de consigner et de transmettre la parole, elles démontrent également que l’image au service de la diffusion catéchétique ne peut pas être abordée simplement comme un outil compensatoire du langage ou dissociée de l’énoncé doctrinal. Dès lors, il est nécessaire de rendre compte des fonctions mnémonique, pragmatique et sémiotique de l’image dans la traduction du discours religieux.

L’objectif de cette journée d’étude est de réunir des spécialistes des écritures catéchétiques – historiens, historiens de l’art et anthropologues – afin de débattre des usages et de l’efficacité de l’image dans la transmission des préceptes chrétiens. En insistant tout particulièrement sur le contexte d’élaboration de ces productions et leurs usages au cours du temps, les présentations mèneront de front différentes réflexions. Elles examineront notamment le cadre intellectuel au sein du catholicisme et du protestantisme qui a animé le déploiement de la figuration sur les pages des catéchismes. Qui furent les initiateurs de cette méthode dans chaque contexte étudié et, une fois instaurée, qui en furent les propagateurs et les usagers ? L’objectif de ces productions s’est-il toujours cantonné à l’enseignement d’un corpus de textes ou leurs emplois ont-ils pu varier au fil du temps ? Certaines interventions aborderont plus précisément le rapport de l’image à l’oralité en contexte de transmission du discours. Elles considèreront la situation d’enseignement, avec ses gestes associés et ses chants éventuels, afin d’éclairer le rôle particulier de l’image dans l’efficacité de la transmission. La démarche adoptée est résolument comparatiste. Il s’agira, entre autre, de développer de nouvelles pistes de réflexion sur les œuvres dont le contexte d’usage nous est inconnu en les confrontant aux données issues d’autres études de cas. Toutes ces interrogations permettront en conclusion de s’interroger sur la pertinence des méthodes d’analyse mises en place pour la compréhension de ces corpus hétérogènes et pour leur remise en contexte.

 

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