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Dernière modification : 9 janvier 2017

Transferts culturels 2015-2016

Pays germaniques

 

12 février 2016 - Salle Cavaillès - 9h00 à 12h00

L(es) Indo-européen(s) en linguistique et en archéologie

 

Jean-Paul Demoule (Paris) : Les Indo-Européens : modèles et contre-modèles

Les ressemblances et correspondances entre langues indo-européennes ont été tout au long du XIXème siècle au fondement de la linguistique moderne. Dans le même temps, elles ont été d’emblée expliquées par l’existence postulée d’un peuple originel (Urvolk) parlant une langue originelle (Ursprache) dans sa patrie originelle (Urheimat), trois entités à retrouver ou à reconstituer. Ces recherches ont connu les détournements idéologiques que l’on sait. Mais dans tous les cas, on ne peut considérer qu’elles auraient abouti aujourd’hui à un consensus scientifique. Il n’y a pas de consensus chez les linguistes pour savoir si, au-delà des systèmes de correspondances phonologiques et morphologiques, il y aurait possibilité d’aboutir à la reconstitution d’une langue unique selon un modèle arborescent, ou bien si des modèles plus complexes seraient concevables. Si la mythologie comparée, illustrée par les travaux de Georges Dumézil, met aussi en évidence des correspondances indéniables à travers l’Eurasie, l’arbre généalogique n’est pas, là encore, le seul modèle possible. La génétique, après les errements et les impasses de la craniométrie, apporte des résultats certes de plus en plus fiables et intéressants, mais avec des risques de raisonnements circulaires, amplifiés par les effets du système académique anglo-saxon. Enfin l’archéologie hésite toujours entre au moins trois grandes explications géographiques contradictoires, sans qu’on puisse de toute façon reconstituer avec certitude les routes supposées qui, depuis tel foyer originel, auraient conduit les peuples locuteurs de langues indo-européennes dans leurs différents emplacements historiquement connus. C’est pourquoi on est en droit d’interroger le modèle canonique sous-jacent en tant que mythe d’origine alternatif à celui de la Bible, tout en recherchant des modèles explicatifs plus complexes.

 

Daniel Petit (Paris) : Le réalisme indo-européen

La linguistique indo-européenne a été d’emblée confrontée à un paradoxe, celui de reconstruire une langue dont ni les locuteurs, ni la culture, ni la date, ni la localisation ne sont connus. Les premiers indo-européanistes (Bopp, Rask, Grimm) ont longtemps pris l’indo-européen pour une donnée de fait, qui servait de base à la comparaison linguistique, mais se sont peu intéressés à la reconstruction de la réalité de la proto-langue et de ses locuteurs. C’est au milieu du XIXe siècle que la question indo-européenne a commencé à se poser, avec ses limites, ses dérives et ses interrogations. Presque deux siècles après ses débuts, la linguistique indo-européenne reste soumise à ce même paradoxe. L’objet de l’exposé est de discuter les tentatives relevant de ce qu’on peut appeler le réalisme indo-européen en en donnant une lecture critique

 

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