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Dernière modification : 15 novembre 2017

Littérature et spectacles de curiosité 2017-2018

THALIM

Organisation : Patrick Désile et Valérie Pozner

Dates et lieu :

  • Un mercredi par mois
  • 17h-19h (2017) puis 16h-18h (2018)
  • INHA (2, rue Vivienne, 75002 Paris)

 

Chateaubriand fait l’éloge du Panorama de Jérusalem de Pierre Prévôt, qu’il confronte à sa propre description de la ville dans l’Itinéraire ; Jules Janin ouvre L’Âne mort et la Femme guillotinée par le sombre récit du massacre d’un peccata par des dogues à la Barrière du Combat ; Nerval rend compte avec minutie du diorama Le Déluge, ce « mystère à grand spectacle » ; Gautier se fait le thuriféraire de ce « bon et brave cirque », comme Barbey d’Aurevilly, qui loue « le seul théâtre où la perfection soit de rigueur » ; Baudelaire intitule le chapitre des Paradis artificiels où sont décrites les visions du haschisch « Le théâtre de Séraphin » ; Flaubert convie George Sand à une représentation de la Tentation de saint Antoine, donnée par les marionnettes du père Legrain, à la foire Saint-Romain, à Rouen…

Il y a, tout au long du XIXe siècle, ce tropisme : des écrivains se tournent vers les spectacles généralement visuels que sont les spectacles de curiosité. Cette catégorie juridique est définie négativement : elle recouvre tous les spectacles qui ne sont pas reconnus comme des théâtres. Faut-il voir, dans cette illégitimité, la raison de la dilection qu’ils suscitent chez des écrivains désormais mages, mais marginalisés ? Ils s’identifient volontiers, en effet, aux illusionnistes et aux faiseurs de tours : « Le fond de ma nature est, quoi qu’on dise, le saltimbanque », écrit Flaubert à Louise Colet. Les Goncourt considèrent les artistes de cirque « avec un je ne sais quoi […] de sympathiquement apitoyé, comme si ces gens étaient de notre race et que tous, bobèches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public ». Et le Baudelaire du Spleen de Paris, qui vient de dédaigner la baraque du « vieux saltimbanque  », voit en lui « l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur »…

Ce jeu d’identifications (qui vaudra aussi pour les peintres) a été souvent relevé, et il importe sans doute de l’interroger encore. Cependant, si c’est la plus apparente, ce n’est pas la seule façon dont la littérature et les spectacles de curiosité s’entrelacent. Toute une part de la littérature du XIXe siècle, celle des œuvres totalisantes, a ainsi pu être dite « panoramique », mais le roman, la poésie, l’histoire, le récit de voyage, certain théâtre ont, avec les spectacles optiques, de plus secrètes affinités.

Mais d’autres relations, et de différents ordres, qui pourraient être décrites, entre la littérature et le cirque, les spectacles des « jardins à divertissements » ou de la fête foraine, la danse et les bals, avec le café-concert, le théâtre de marionnettes ou le premier cinéma demeurent assez largement inexplorées. À cela, une raison, parmi d’autres peut-être : le secret mépris dont les spectacles de curiosité font l’objet, et la méconnaissance qui en procède.

Ce séminaire voudrait donc envisager dans leur complexité et dans leur diversité les relations entre la littérature et les spectacles de curiosité, en portant sur ces derniers un regard simplement historien.

 

 

Programme

 

  • 8 novembre 2017 –17h-19h
  • Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur des universités, département des littératures, université Laval, Québec : « Marcel Proust, les spectacles de curiosité et le cinématographe »

 

  • 13 décembre 2017 – 17h-19h
  • Corinne Legoy, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’université d’Orléans : « Sur les traces du “Paris masqué”. Pourquoi et comment écrire l’histoire du travestissement festif au XIXe siècle ? »

 

  • 31 janvier 2018 – 16h-18h
  • Agnès Curel, doctorante en études théâtres à l’Université Paris 3, ATER à l’Université de Caen : « Montreurs de curiosités et boniments dans la littérature du XIXe siècle (Hugo, Malot, Vallès, Gautier) »

 

  • 21 février 2018 – 16h-18h
  • Valérie Stiénon, maître de conférences en littérature française à l’université de Paris XIII : « Poétiques de l’émerveillement scientifique. Féerie, magie et spectacle forain dans le récit d’anticipation »

 

  • 21 mars 2018 – 16h-18h
  • Bérengère Levet, doctorante à l’École Pratique des Hautes-Études et à l’Université de Montréal : « Mélodrame et spectacles de curiosité : Les Deux orphelines ou le mélodrame achevé »

 

  • 11 avril 2018 – 16h-18h
  • Stéphane Tralongo, premier assistant à la section d’histoire et d’esthétique du cinéma de l’université de Lausanne : « Matérialité de la chimère. Théophile Gautier et le monde sous cloche de verre »

 

  • 23 mai 2018 – 16h-18h
  • Frédéric Tabet, maître de conférences en études cinématographiques à l’université de Toulouse 2- Jean Jaurès : « Le spectacle magique et ses analystes : étude d’un discours réversible »

 

  • 13 juin 2018 – 16h-18h
  • Pierre Taillefer, conservateur du patrimoine au ministère de la Culture : « Les archives de la curiosité »

 

  • 20 juin 2018 – 16h-18h
  • Patrick Désile, chercheur associé au CNRS ARIAS/THALIM : « Littérature et spectacles de curiosité. Synthèse et conclusion du séminaire »
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