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Dernière modification : 9 janvier 2017

Lexiques du donné 2014-2015

Pays germaniques

Coordonné par Élise Marrou (UMR 8547 Pays germaniques, Archives Husserl) et Virginie Palette (UMR 8547 Pays germaniques, Archives Husserl/Université Diego Portales)

 

Nous poursuivrons cette année l’enquête sur le concept de donné que nous avons entamée dans le séminaire « Lexiques du donné (I) » en 2013 - 2014 et prolongée durant la journée d’études « L’appel au donné » en mai 2014

Les critiques du donné ont été et sont encore légion. Ce n’est pourtant pas dans une perspective critique que nous abordons ici le donné. Pour échapper à l’alternative de son mythe et de sa défense, nous tentons de dégager une troisième voie qui consiste en une exploration de ses lexiques en amont et en aval du tournant transcendantal et qui repose sur la volonté de faire dialoguer sur ce point précis les deux traditions, phénoménologique et analytique. En effet, s’il n’est pas douteux que la méthode phénoménologique repose sur les notions de donné (Gegebenes) et de donation (Gegebenheit) et que la diversité des phénoménologies peut se lire au prisme de ce qui est donné et des modalités de son être-donné, l’unification des données (data) sous un seul et même concept de given n’a connu à ce jour qu’une réception relativement marginale en philosophie analytique. Pourtant, les pistes explorées par les philosophes de la perception britanniques de la première génération et les philosophes américains de la seconde génération sont particulièrement riches sur cette question. Elles ne se contentent pas de croiser, sur de nombreux points, les critiques que les phénoménologues ont adressées à l’empirisme classique auquel, rappelons-le, le lexique du donné est étranger.

La première étape de cette enquête nous a conduit, en amont du lexique kantien du donné, vers les lexiques des impressions et des idées dans l’empirisme britannique (Hume, Locke, Reid), et en aval, vers une riche variété de lexiques dans le postkantisme au sens large (Herbart, Mach, Ecole de Brentano, Lask, Cassirer, Russell, Schlick). Ainsi, certains axes de questionnement se sont révélés être des carrefours autour desquels s’articule notre exploration généalogique du concept de donné : c’est notamment le cas de la question du caractère neutre, subjectif ou objectif du donné, qui oppose les lexiques phénoménologiques et psychologiques aux lexiques positivistes et néokantiens, et de la question de la composition (atomiste/simple ou complexe) de l’expérience, qui fait apparaître sous un jour nouveau des filiations opératoires entre les lexiques du donné chez Herbart, dans l’école de Brentano et la phénoménologie.

Nous nous proposons cette année d’approfondir les pistes que nous avons déjà ébauchées en mettant à l’épreuve une distinction proposée par Jacob Joshua Ross entre trois sens du donné : le donné comme sense datum, le donné comme totalité sensorielle continue, et le donné comme objet physique. Si le premier a été abondamment exploré, le second découle du refus d’une compréhension discrète et élémentaire de ce qui nous est donné, refus commun à la Gestaltpsychologie, à F. H. Bradley et à William James. Le troisième sens nous entraînera enfin sur le terrain des réalismes directs (ainsi, le concept de donné intervient-il au premier plan de la controverse sur les sense data et les objets physiques qui oppose Russell aux Edwardians (Stout, Alexander, Nunn). Contre les arguments de F. H. Bradley et T. H. Green qui faisaient du donné une notion contradictoire, ces réalismes, dont nous étudierons la variété, réaménagent en profondeur le concept de donné. En nous appuyant sur les acquis de cette enquête historique et conceptuelle sur les lexiques du donné, nous espérons pouvoir être en mesure de jeter un regard plus lucide sur les enjeux et la pertinence d’un recours au donné au début du XXIème siècle.

 

Voir sur le site de l’UMR 8547

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